Kenichiro Oji Prez'

Ma vie d'avant n'a aucun intérêt dans celle-ci, alors pourquoi vous la conter. Pourquoi me la ressasser. Simplement, c'est pour me prouver que j'existe. Que je ne suis pas une simple création et que je suis bien Kenichiro Oji.
Natif de Okinawa, j'ai passé la moitié de mon temps à Tokyo où j'étudiais l'art graphique. Ne me demandais pas ce qu'on y faisait, j'écoutais très peu et je ne pense pas que c'était la voie que je voulais prendre lorsque je serais dans la vie active. Comme on dit, on ne fait pas toujours ce qu'on veut. A bien y réfléchir, j'ai l'impression que j'étais destiné à venir dans ce monde. Je n'avais pas de but précis dans la vie, pas d'objectif principal. Seulement vivre, m'amuser et voir les gens que j'aimais. C'était sans doute la partie de ma vie la plus intéressante. Oui, je vivais au jour le jour en attendant qu'un imprévu vienne tout gâcher ou tout améliorer.
On l'appelait Jenny, mais j'ai toujours voulu l'appeler ma Juliette. Elle m'est trois mois avant mes vingt et un an. Au début, c'était sans doute la plus belle chose qui pouvait m'arriver. Elle était belle, passionnée. Éblouissante. J'aurais voulu la garder pour moi, pour toujours. For ever. Ces mots étaient gravé sur un arbre dans le parc qu'on pouvait rejoindre de la maison de mes parents. On l'avait écrit alors qu'elle venait chez eux pour la première fois.
Je ne sais vraiment pas comment tout à pu se produire, mais un jour le bonheur se transforma en pire que le malheur. D'abord, ce fut ma mère qui fut emportée par une maladie incurable qu'aucun médecin n'avait réussi à diagnostiquer avant sa dernière entrée à l’hôpital. Mon père ne tarda pas à la suivre. Quelques jours après sa mort, il rentrait du travail et repensa à elle et tout ce qu'elle pouvait représenter pour lui. Il en avait tellement sur le cœur qu'il ne pu s'empêcher de pleurer. Sa furie envers les médecins et le monde le poussa à ne pas voir le camion qui sortait de la voie d'insertion. Lorsque celui-ci klaxonna, mon père se décala sur le côté et emporta avec lui la voiture qui tentait de le doubler. C'était sa faute. Et je suis sûr que tous le long de son agonie il s'en voulait.
Lors de cet accrochage, il ne fut pas le seul à disparaître, mais toutes ses personnes sont décédées à cause d'une chose. Le mauvais travail des médecins. C'est ce que disait mon frère. Il n'avait alors qu'un seul mot à la bouche : vengeance. Il voulait se venger des assassins de son père, les médecins. Un jour, alors que tout semblait normal, il mit en œuvre son plan. Il était donc parti, arme en poche dans un des hôpital que ma mère avait visité quelques années plus tôt et qui n'avait rien trouvé. À l'époque, la jeune interne qui s'occupait de ma mère ne la connaissait pas et avec le temps ils avaient même oublié leurs visages l'une-l'autre. Cette femme, qui fut prise pour cible par mon frère n'était autre que mon premier et seul véritable amour. Il transperça le cœur que je voulais mien d'une balle. Comme pour justifier son geste, il tira alors deux fois dans le plafond et s'en alla. Dehors, alors qu'il croyait qu'il pourrait vivre tranquille, une voiture de police attendait. Elle était passée juste avant les coups de feu et était rapidement revenue. Les deux policiers présents appelèrent aussitôt leurs renforts. Ce jour-là, je perdis tout ce qui me restait. Mon frère ne sortit pas de l'hôpital et j'y entrai quelques heures après. Seul.
Bizarrement, je ne lui en voulais pas vraiment. Je comprenais sa rancœur. Il avait toujours été le chouchou des parents. Il aurait très bien pu ne rien faire, mais il s'en aurait voulu toute sa vie. D'un autre côté je ne pouvais pas lui pardonner ce qu'il avait fait à...
J'étais désespéré. Tout comme mon père je pris la voiture et ce dernier jour de ma vie, je pleurais. Je fonçais, à toute allure, dans une seule direction. Ce mur. Je n'arrivais pas à défaire mon regard de cette plaque de ciment qui me faisait face. La voiture ne tiendrait pas le choc, j'en étais sur. J'allais finir mes jours.
Je ne justifie mes actes qu'à l'amour que je portais à tous ceux que j'ai perdu. J'espérais peut être les retrouver là où j’atterrirais. J'espérais...